La myopathie de Duchenne résulte d'une mutation d'un gène qui code normalement la production d'une protéine appelée dystrophine, indispensable à l'intégrité des cellules musculaires. Cette mutation empêche la synthèse de la protéine. Des altérations moins importantes aboutissent à une forme atténuée de myopathie, avec une production de dystrophine seulement tronquée. Ce constat a fait naître l'idée d'orienter la maladie vers sa forme la moins sévère.
La mutation génétique en cause affecte une portion codante de l'ADN, appelée exon. L'exon muté se retrouve dans l'ARN, support génétique de la synthèse des protéines, modelé sur l'ADN. Gert-Jan van Ommen et ses collègues de l'université de Leyde ont eu recours au "saut d'exon" : cette technique fait appel à des morceaux d'ADN synthétisés en laboratoire, les "oligonucléides antisens", qui se collent comme du ruban adhésif à l'ARN, au niveau de la mutation. L'exon défectueux est ainsi mis hors circuit.
L'essai présenté est destiné à valider la faisabilité de la thérapeutique et à s'assurer de sa bonne tolérance. Il portait sur quatre enfants de 10 à 13 ans, atteints de la myopathie de Duchenne et ne présentant aucun signe de production de dystrophine. Les chercheurs leur ont injecté par voie intramusculaire, dans la jambe, un composé synthétique antisens.Un prélèvement de cellules musculaires a été effectué 28 jours après cette injection.
Des fibres musculaires porteuses de dystrophine ont été retrouvées dans les différents prélèvements effectués, ce qui "indique une dispersion du composé dans la zone injectée", notent les auteurs. Les niveaux de dystrophine retrouvés allaient de 3 % à 12 % de ceux de fibres musculaires normales. "la restauration de la production de dystrophine était limitée à la zone traitée et il n'y a pas eu d'amélioration du muscle entier", précise l'article. les effets indésirables ont été négligeables.D'autres essais sont en préparation, afin de poursuivre la validation de cette approche. Une équipe franco-italienne a récemment utilisé la technique du saut d'exon pour corriger la mutation dans des cellules souches humaines, injectées ensuite dans des souris modèles de la myopathie de duchenne (Le Monde du 14 décembre). Les performances musculaires des souris en ont été améliorées.
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